Face aux 2 milliards de climatiseurs en service dans le monde, gros contributeurs aux émissions de gaz à effet de serre, la recherche s’active pour inventer une alternative plus propre. À Cambridge, des scientifiques ont mis au point un nouveau procédé basé sur des « réfrigérants solides », une pâte blanche granuleuse qui change de température sous pression. L’effet barocalorique, phénomène thermique dans lequel la chaleur est libérée ou absorbée en fonction de la pression appliquée, est au cœur de cette innovation. Grâce à lui, les fluides réfrigérants polluants pourraient bientôt être remplacés, ouvrant ainsi la voie à une climatisation plus économe et respectueuse de l’environnement.
Depuis plus de quinze ans, le professeur Xavier Moya mène des recherches sur les propriétés de ces « cristaux de plastique ». Son laboratoire à Cambridge accueille la réalisation de ces travaux. C’est là que ces recherches sont menées. Son équipe a même donné naissance à une startup, Barocal, qui développe un premier prototype de climatiseur basé sur cette technologie. Bien que ce modèle expérimental — de la taille d’une valise et encore bruyant — soit loin d’être miniaturisé, il fonctionne : les canettes de soda refroidies par le système en témoignent. Soutenue par des fonds européens et par l’organisation Breakthrough Energy fondée par Bill Gates, Barocal ambitionne de lancer ses premiers produits dans les trois ans, ciblant d’abord les entreprises et les infrastructures professionnelles.
Les promesses sont grandes : réduction des émissions jusqu’à 75 %, économies d’énergie, et à terme, des prix comparables aux systèmes actuels. Mais les défis restent nombreux : améliorer la compacité, réduire le bruit, et garantir une efficacité équivalente aux technologies existantes. Si ces conditions sont remplies, les climatiseurs de demain pourraient bien fonctionner sans gaz polluants, révolutionnant notre manière de produire du froid… et de préserver la planète.