FRANCE – Le développement des pompes à chaleur (PAC) a ralenti la croissance de la thermosensibilité de la consommation nationale face au chauffage électrique à effet Joule. Pour mémoire, la thermosensibilité est la puissance supplémentaire à produire pour maintenir constante la température intérieure quand il y a une baisse de 1°C à l’extérieur. D’après une étude menée par Réseau de transport d’électricité (RTE), la thermosensibilité dans les bâtiments neufs serait en baisse dans les 10 prochaines années. L’augmentation de la sensibilité de la consommation aux températures froides est liée à l’utilisation de chauffage électrique. Elle est de 2 400 MW/°C à 19 heures. Durant les 10 dernières années, la sensibilité a progressé de 70 MW par an. Un ralentissement a été constaté depuis peu. D’après l’étude, l’avenir des systèmes de chauffage à effet Joule dépend de leur capacité dans le couplage de pilotage intelligent et isolation performante.
Concernant l’eau chaude sanitaire (ECS), le besoin en puissance électrique pourrait augmenter en matinée et en soirée. La puissance consacrée aux chauffe-eau à accumulation est estimée à 8 GW selon RTE. Le développement des chauffe-eau thermodynamiques et solaires devrait diminuer cette consommation. Cette réduction s’explique par la performance sur le plan énergétique de ces solutions. Le recours au signal tarifaire est donc moins avantageux. Les systèmes demandent plus de temps de chauffage, ils dépassent les plages heures creuses, ce qui les rend inadaptés au signal existant. Les périodes de chauffe pourraient tomber au moment de fortes activités domestiques consommatrices d’ECS et augmenter le besoin en puissance. La situation est la même pour les chauffe-eau solaires avec appoint électrique. Ce système augmente la consommation le matin et le soir en compensation de l’absence de rayonnement.
Près de 10 millions de foyers chauffés à l’électricité
L’étude de RTE indique que la consommation d’électricité en France continentale était de 157,9 TWh en 2013. 28 % de cette consommation est consacrée au chauffage, 13 % pour l’ECS et 3% utilisée pour la ventilation et la climatisation. L’année dernière, le taux d’équipements en chauffage était de 35 % et celui des appareils de production d’ECS électrique des ménages de 46 %. Cela concerne un peu plus du tiers de bâtiment neuf et ancien. Une forte rupture dynamique a été constatée comparée à la baisse de la part de marché du chauffage dans la construction neuve. Dans les ménages particuliers, la baisse de l’utilisation du chauffage à effet joule est faiblement compensée par la progression des PAC. L’usage de chauffe-eau thermodynamique a toutefois augmenté de plus de 70 % entre 2011 et 2013.
D’après cette même étude, la consommation d’électricité dans le secteur tertiaire était de 139,8 TWh. 13 % était pour le chauffage, 12 % à la ventilation et climatisation et 4 % consacrés à l’ECS. Le chauffage électrique était en recul ces dernières années et le chauffage par effet Joule a perdu 10 points en 3 ans. Les chaudières à gaz et les PAC substituent ce système. Les solutions gaz viennent les remplacer dans les branches traditionnellement affiliées au gaz. Ils sont compensés par les PAC dans les branches chauffées à l’électricité. Cette étude indique que la part des surfaces tertiaires climatisées devrait augmentée, mais les consommations unitaires devraient baisser avec l’amélioration des performances des systèmes.